Hommage à Paul Artus
Un céramiste à Montpellier
Avant de présenter l’artisan, nous évoquerons cette tradition Montpelliéraine et l’œuvre de Paul Artus, qui la perpétue et en assure la pérennité. Les Faïences de Montpellier : deux siècles et demi de prestige. L’apogée de la faïence de Montpellier : la Manufacture Royal d’Ollivier. Célébrée dès le XVème siècle, la poterie montpelliéraine dite « Vieux Montpellier » a connu son apogée au XVIIIème siècle, lorsque la fabrique fondée en 1717 par le potier J.Ollivier devient Manufacture Royale en 1725.
Implantée Faubourg du Courreau à Montpellier, la Manufacture Royale rayonne alors avec ses 600 ouvriers, et elle marquera de son empreinte les autres centres faïenciers du midi de Marseille et de Moustiers. Dès lors, la vogue des émaux, jaune pâle où dominaient les petits bouquets au violet de manganèse, devait s’étendre à de nombreux pays où les remarquables services de tables, poteries pharmaceutiques etc… étaient toujours plus appréciées.
La première nouvelle faïencerie de Montpellier, dénommée Faïencerie de Font-Carrade, pourvue des aménagements les plus modernes de l’époque. Son propriétaire Monsieur Raoul Dussol (jusqu’en 1920), reprend les traditions du Vieux Montpellier où seule l’argile de la région était employée. Après bien des problèmes, marqués notamment, par une faiblesse d’activité, Font-Carrade est acheté en 1920 par Monsieur Michelon, bijoutier très connu. Il lui donnera un certains dynamisme, grâce à un bon faiseur, dénommé Mistrangellot (1).
Font-Carrade est transformé en école (centre artistique) dans le cadre de la Charte de Pétain. Les céramistes parmi les plus réputés du Midi sont sortis de cette école (César, Jean Pollet…).
Monsieur Paul Artus, sorti de l’école de Font-Carrade, crée son atelier après ses premières productions en 1947. Très jeune il montre un véritable talent pour le dessin, Il exercera d’ailleurs le métier de peintre décorateur jusqu’en 1940.
En 1940, c’est la guerre et la captivité…Prisonnier, il continuera animé par une foi inébranlable, avec des moyens d’une ingénieuse fortune, à créer des peintures. A la libération, dès le 27 Novembre 1945, il expose à la galerie Favier une partie de ses peintures produites en captivité.La critique de l’époque dira que « ces paysages et ses aquarelles sensibles aux finesses de la couleur, reflètent l’impression gris d’une terre étrangère ». Et pourtant, cette même critique dira qu’elle voit émerger chez P. Artus quelque chose de nouveau qui se caractérise par de l’enthousiasme, de la joie de vivre.
L’expression de ce comportement va se retrouver dans la création de la faïence. Il dessinera des fresques sur ces faïences, avec beaucoup plus de lumière et d’élan pour effectuer les premières décorations sur le Vieux-Montpellier. Paul Artus puisera ainsi dans la peinture pour faire éclater son talent de céramiste.